Interview Alumni - Chloé SOBRADO, Product Manager chez Kombi

Interview Alumni - Chloé SOBRADO, Product Manager chez Kombi

Bonjour Chloé, peux-tu nous en dire plus sur ton parcours académique ?

J’ai commencé par faire un baccalauréat scientifique pour ensuite me diriger vers une fac de biologie. J’aimais beaucoup les sciences, mais les débouchés proposés ne correspondaient pas à mes attentes. Je souhaitais donc m’orienter vers une formation plus professionnalisante. Après avoir fait des recherches sur Internet pour entamer ma réorientation, j’ai envoyé une lettre afin d’être admise en réorientation de parcours, ce qui n’est pas forcément banal de passer d’un parcours scientifique à GEA. J’ai fait mes deux années d’études à Annecy, et j’ai obtenu mon diplôme en 2016.

Je souhaitais poursuivre mes études, car ce nouveau domaine m’intéressait. J’ai de ce fait intégré une licence professionnelle PSFT (Performance Sport Textile & Footwear) à l’Université Savoie Mont Blanc d’Annecy. C’est une formation professionnalisante avec 6 mois de cours et 6 mois de stage. De plus, passionnée par le sport, j'avais également un projet de création d’entreprise avec une amie. Nous souhaitions en parallèle créer une marque de vêtements de sport pour les femmes. Elle s’occupait de la partie commercialisation et je gérais la création des produits.

En ce qui concerne mon stage de 6 mois, je l’ai réalisé chez Fusalp à Annecy, en tant qu’assistante cheffe de produit. Dans ce contexte, je m’occupais de la stratégie de marque, des dessins/design techniques, du cahier des charges pour les fournisseurs et de la création des nouveaux produits.


Qu’est-ce que tu as fait à la suite de tes études ?

À la suite de mes études, et donc de mon stage chez Fusalp, j’ai été embauchée pendant 2 ans en tant que coordinatrice retail. Je gérais alors 30 boutiques dans le monde, principalement en France et en Suisse. Mon objectif était de contrôler le respect de l’ADN de la marque, de former les vendeurs sur les nouveaux produits et m’occuper du service client. Pour résumer, mon travail était de gérer le back-office du magasin, ce qui est totalement en lien avec la formation GEA.

Suite à cet emploi, Fusalp m’a proposé un nouveau poste, mais j’ai décidé de partir vivre au Canada en 2019. Cette nouvelle expérience, c’est un peu comme un retour à la case départ… Je suis arrivée dans un nouveau pays sans aucune référence et un diplôme que personne ne connaît. C’était ainsi l’occasion pour moi de me réorienter dans la création de produits. Malheureusement, je n’avais aucune formation, mais je me suis formé en autodidacte.

Suite à cela, j’ai passé plusieurs entretiens, et ayant la nationalité française, cela m’a bien aidé lors du processus de recrutement. En effet, les Français sont connus dans le domaine de la mode, donc je devais être compétente dans ce domaine d’après eux.

J’ai alors intégré la société Kombi, fabricant de gants et de moufles, très connu au Canada, mais très peu en France. J’ai connu différentes évolutions professionnelles au sein de l’entreprise, puisque j’ai commencé en tant que designer, ensuite superviseur d’équipe et enfin Product Manager.


Quel est le métier de Product Manager ? 

En tant que Product Manager, je gère l’identité de la marque Kombi et je gère également l’équipe produit.

Il faut savoir que lorsqu’on travaille dans une industrie comme la mienne, nous réalisons des produits pour la saison d’hiver. C’est donc quelque chose qui se déroule sur un cycle annuel, c’est-à-dire, que chaque année, nous commençons une collection.

Pour expliquer le schéma annuel, nous procédons de la manière suivante :

Étape 1 : Veille sur les tendances

  • Je fais le tour des salons de mode, de design ou de outdoor

  • Je me renseigne sur les couleurs tendances de demain

  • J’analyse les produits en vogue ainsi que les nouvelles technologies

  • Je me renseigne sur l’histoire d’une collection

Actuellement (en novembre-décembre), je réalise ce travail de recherche pour la réalisation de la collection hiver 2024/2025. Nous devons de ce fait faire une prédiction sur le long terme.

Étape 2 : Analyse des chiffres et des ventes

  • Quelle est la taille / la couleur / le produit le plus vendu ?

  • Quel est le chiffre d'affaires par produit ?

  • Quelle est la quantité de production ?

  • Sur quel territoire les ventes ont-elles été réalisées ?

Étape 3 : Création du plan de collection

Suite à ces analyses des tendances et des ventes, en janvier-février, nous réalisons la future collection, en déterminant le prix, les quantités…

Pour cela, nous dessinons les nouveaux produits, nous faisons les recherches et développement ainsi que trouver des tissus et accessoires. Enfin, on envoie des cahiers des charges à nos fournisseurs afin de créer des prototypes qui seront par la suite dédiés aux commerciaux pour aller dans les magasins et procéder à la vente (en été / automne).

Étape 4 : Commande et production

Nous procédons ensuite à la production en quantité avec la négociation des prix et des quantités. Comme j’ai pu l’évoquer précédemment, nous travaillons sur les collections pour les prochaines années. Actuellement, nous livrons la collection 2022/2023, les commerciaux sont en train de vendre la collection 2023/2024, et nous sommes sur la création de la collection 2024/2025.


Quelles sont les 3 qualités indispensables dans ton travail ?

Passion / Gestion / Persévérance

Tout d’abord, il faut être passionné par la mode et les sports d’hiver. Personnellement, je suis la cliente type des produits de marque que je conçois. Cela permet d’avoir une meilleure connaissance du marché et des produits attendus par les clients.

Ensuite, il faut avoir de bonnes connaissances en gestion, puisque comme cité précédemment, nous suivons plusieurs étapes et il faut savoir gérer les équipes.

Enfin, il faut être persévérant. C’est un métier qui attire beaucoup de personnes, ce qui est synonyme d’un maximum de candidatures et donc de concurrents sur le marché du travail.


À quelle rémunération peut prétendre un junior dans ton secteur d’activité ?

L’avantage de mon métier, c’est qu’avec de l’envie, on peut être autodidacte et ne pas faire de longues études. En revanche, le problème des métiers passions, c'est qu’on commence avec des salaires très bas.

En tout cas, au Canada, en tant que cheffe de produit dans la mode, nous pouvons prétendre à 60k dollar canadien à l’année. À titre de comparaison, pour le même poste dans l’agroalimentaire, une personne peut prétendre à 100k à l’année.

Alors oui, par rapport au travail que je fournis, c’est très peu. Mais j’ai adapté ma vie et je sais qu’il faut faire beaucoup d’heures pour gagner moins que dans d’autres secteurs. D’où l’aspect passion que j’ai évoqué, il faut vraiment aimer ce métier, car nous ne sommes pas rémunérés à juste titre. 

Enfin, il n’y a pas uniquement le salaire qui compte, mais la balance entre vie professionnelle et personnelle. Kombi, l’entreprise dans laquelle je travaille, fait partie des sociétés primées pour le bien-être de ses employés. En compensation des salaires, nous avons des avantages à côté. Ceci a une valeur du bien-être au travail qui est plus importante que le salaire. C’est d’ailleurs pour ce point que je ne quitte pas mon poste. Il m’est arrivé de recevoir des offres d’emplois d’autres entreprises avec des salaires plus élevés, mais la qualité de vie et l’épanouissement au travail prime. 


Pourquoi être partie à Montréal  ? 

Je suis partie pour différentes raisons.

Je souhaitais depuis mes études partir à l’étranger, mais je travaillais pour financer mes études et je ne pouvais pas me permettre de partir voyager.

J’ai choisi Montréal, car en Amérique du Nord, il y a de belles opportunités professionnelles pour les jeunes et les femmes. J’avais besoin d’être dans un pays où, quel que soit mon âge ou mon genre, on me fasse confiance.

Enfin, je partage ma vie avec un infirmier, et il existe des programmes qui facilitent le transfert de la France vers le Canada, puisqu’ils sont en recherche de profils. 

Pour ces trois raisons, je suis heureuse d’être partie. Le fait d’être une expatriée permet de grandir très vite, car on s’ouvre au monde personnel et professionnel.


Où te vois-tu plus tard ?

Mon objectif à long terme est de devenir cheffe des opérations. Je veux prendre mon temps et être sûr d’apprendre tout ce que je dois acquérir au niveau des compétences avant d’évoluer. Devenir COO (Chief Operating Officer), c’est être le bras droit du CEO afin de gérer les produits en général, de la création à la commercialisation. C’est également la gestion des différents pôles du marketing et de la vente.

Il me reste encore du chemin à parcourir, car après le poste de manager, il y a celui de directrice, puis de vice-présidente et ensuite, en fonction des opportunités professionnelles, peut-être COO.


Pour terminer, as-tu un conseil à donner aux étudiants ?

Il faut savoir qu’il n’y a pas de parcours type, il existe différents chemins à suivre pour arriver à votre objectif final. Si vous ne savez pas encore dans quel domaine vous orienter, GEA est la meilleure formation de base qui ouvre tellement de portes. Toutes les notions apportées sont applicables dans votre vie professionnelle.

Même si vous vous trompez de voie, ce n’est pas grave de se tromper et de changer de métier ou de formation.

Enfin, ne voyez pas juste les longues études, je ne pense pas que cela fasse la différence. Parfois, des formations plus professionnalisantes, avec des stages ou de l’alternance, ouvrent plus de portes.

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